ARTHUR RIMBAUD

INTRODUCTION

Arthur RIMBAUD écrit ses premiers poèmes à quinze ans. Selon lui, le poète doit être « voyant » et « il faut être absolument moderne ».
Il entretient une aventure amoureuse tumultueuse avec le poète Paul Verlaine.
À l’âge de vingt ans, il renonce subitement à l’écriture, sans avoir encore été véritablement publié, pour se consacrer davantage à la lecture, ainsi qu’à la poursuite de sa pratique des langues.

Des vers comme ceux du Bateau ivre, du Dormeur du val ou de Voyelles comptent parmi les plus célèbres de la poésie française. La précocité de son génie et sa vie aventureuse contribuent à forger la légende du poète.

Ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires le poussent à choisir une vie aventureuse, dont les pérégrinations l’amènent jusqu’en Abyssinie, où il devient négociant (quincaillerie, bazar, vêtements, café etc.), quand ce n’est pas explorateur.

Sa tentative d’armer Menelik avec l’aval du Consul de France s’avère désastreuse pour lui.
Son unique « trafic d’armes » n’eut véritablement qu’une incidence politique symbolique, mais contribua à sa légende.

De cette seconde vie, exotique, les seuls écrits connus consistent en près de 180 lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions géographiques.

FAMILLE ET ENFANCE

Arthur RIMBAUD est né en 1854 à Charleville dans les Ardennes.

Son père, Frédéric RIMBAUD, capitaine d’infanterie, est né à Dole, le 7 octobre 1814.

Sa mère, Vitalie RIMBAUD, née Marie Catherine Vitalie Cuif à Roche le 10 mars 1825, est une paysanne.

Son père et sa mère se sont mariés à Charleville le 8 février 1853.


Arthur RIMBAUD est né en 1854 à Charleville dans les Ardennes.
Son père, Frédéric RIMBAUD, capitaine d’infanterie, est né à Dole, le 7 octobre 1814.
Sa mère, Vitalie RIMBAUD, née Marie Catherine Vitalie Cuif à Roche le 10 mars 1825, est une paysanne.

Son père et sa mère se sont mariés à Charleville le 8 février 1853.

Arthur RIMBAUD a eu quatre frères et sœurs
  • Jean Nicolas Frédéric, né le 2 novembre 1853 (1853-1911) ;
  • Victorine Pauline Vitalie, née le 4 juin 1857 (elle mourut le mois suivant) ;
  • Jeanne Rosalie Vitalie née le 15 juin 1858 (1858-1875) ;
  • Frédérique Marie Isabelle, né le 1er juin 1860 (1860-1917).

En octobre 1861, le jeune Arthur RIMBAUD entame sa scolarité, il entre en neuvième à l’institution Rossat où il récolte les premiers prix.

ARTHUR RIMBAUD, LE POÈTE

En 1865, à la rentrée de Pâques, Arthur Rimbaud quitte l’institution Rossat à Charleville où il a passé le début de sa sixième, et entre au collège municipal de Charleville.

Il se montre excellent élève ; collectionnant les prix d’excellence en littérature, version et thème latins… Il rédige en latin avec aisance, des poèmes, des élégies, des dialogues.


En juillet 1869, il participe aux épreuves du Concours académique où il remporte facilement le premier prix de vers latins sur le thème « Jugurtha ». Le principal du collège Jules Desdouets aurait dit de lui : « Rien d’ordinaire ne germe dans cette tête, ce sera le génie du Mal ou celui du Bien. » En obtenant tous les prix dès l’âge de quinze ans, il s’affranchit des humiliations de la petite enfance. Pendant ces années, il a comme ami Ernest Delahaye, avec qui il échange de nombreuses lettres.

En janvier 1870, alors en classe de rhétorique, ARTHUR RIMBAUD se lie d’amitié avec Georges Izambard, son professeur de rhétorique, qui commence sa carrière à 22 ans. Ce dernier lui prête des livres, tel Les Misérables de Victor Hugo qui font bondir sa mère – qu’il surnomme « la Mother », « La bouche d’ombre » ou encore, « La Daromphe ».

De cette époque, subsistent les premiers vers : Les Étrennes des orphelins, parus dans la Revue pour tous en janvier 1870.
L’orientation poétique est alors celle du Parnasse avec la revue collective, Le Parnasse contemporain.

Le 24 mai 1870, Arthur Rimbaud, alors âgé de quinze ans et demi, écrit au chef de file du Parnasse, Théodore de Banville. Dans cette lettre, il transmet ses volontés de : « devenir Parnassien ou rien » et se faire publier. Pour cela, il joint trois poèmes : Ophélie, Sensation et Credo in unam. Banville lui répond, mais les poèmes en question ne paraîtront pas dans la revue. Le collégien vient de rafler les prix les plus prestigieux.

Rimbaud songe alors à se rendre dans la capitale pour goûter à l’esprit révolutionnaire du peuple parisien. Il fait sa première fugue à Paris.
Au cours des vacances scolaires de 1870, le 29 août, quelques jours avant la bataille de Sedan, Arthur trompe la vigilance de sa mère (le poème Mémoire en décrit la scène) et se sauve avec la ferme intention de se rendre dans la capitale.
Contrôlé à son arrivée gare du Nord, il ne peut présenter qu’un billet de transport irrégulier. Les temps troublés n’invitent pas à la clémence. Tandis que les armées prussiennes se préparent à faire le siège de Paris et que la Troisième République est sur le point d’être proclamée, le voilà détenu dans la prison Mazas.

De sa cellule, il écrit à Georges Izambard, à Douai, pour lui demander de payer sa dette. Le professeur exécute sa demande et lui paie également le voyage pour se rendre à Douai, lui offrant l’hospitalité avant de le laisser retourner dans son foyer.
Rimbaud débarque à Douai vers le 8 septembre. Redoutant le retour à Charleville, il y reste trois semaines. Pendant ce temps, l’armée prussienne encercle la capitale à partir du 19 septembre. Jusqu’ici antimilitariste déclaré, Rimbaud est pris d’élans martiaux depuis la capitulation de Sedan. Si bien, qu’il est décidé à suivre son professeur parti s’engager volontairement dans la Garde nationale. N’étant pas majeur, il en sera empêché malgré ses protestations.

Par ailleurs, Rimbaud fait la connaissance du poète Paul Demeny, un vieil ami de son hôte. Celui-ci est codirecteur d’une maison d’édition : La Librairie artistique, où il a fait paraître un recueil de poésies (Les Glaneuses). Rimbaud saisit l’occasion et, dans l’espoir d’être édité, lui dépose une liasse de feuillets où il a recopié quinze de ses poèmes.

Izambard, qui a prévenu Vitalie Rimbaud de la présence de son fils à Douai, en reçoit la réponse : « chassez-le, qu’il revienne vite ! » Pour calmer les esprits, il décide de raccompagner son élève jusqu’à Charleville. À leur arrivée, l’accueil est rude : une volée de gifles pour le fils, une volée de reproches, en guise de remerciements, pour le professeur qui, ébahi, « s’enfuit sous l’averse ».

Le 6 octobre, nouvelle fugue. Paris étant en état de siège, Arthur Rimbaud part à Charleroi — il relate cette arrivée dans le sonnet, Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir. Rêvant d’être journaliste, il tente, sans succès, de se faire engager comme rédacteur dans le Journal de Charleroi.
Dans l’espoir de retrouver Georges Izambard, il se rend à Bruxelles puis à Douai où son professeur arrive quelques jours après, aux ordres de Vitalie Rimbaud, pour le faire revenir escorté de gendarmes. Ce fut fait le 1er novembre 1870.

Entre-temps, il est passé chez Paul Demeny pour lui déposer les sept poèmes composés au cours de ce dernier périple (des versions antérieures furent remises au Parnassien Théodore de Banville et à Georges Izambard).
Le 10 juin 1871, Rimbaud écrira à Demeny : « … brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai ».
Oubliés par Demeny, ces manuscrits seront retrouvés 17 ans plus tard. Ceux-ci ont été répertoriés par les biographes sous l’appellation de Cahiers de Douai ou « Recueil Demeny ».

La réouverture du collège est retardée d’octobre 1870 à avril 1871. Rimbaud collabore modestement sous le pseudonyme de Jean Baudry avec Le Progrès des Ardennes, un journal fondé en novembre 1870 et paru jusqu’en avril 1871. Il parvient à publier dans Le Progrès des Ardennes du 25 novembre 1870, un récit satirique, Le Rêve de Bismarck, découvert en 2008. Rimbaud y développe, après Victor Hugo, la symbolique d’une ville de Paris, lumière de la Révolution, qui sera autrement difficile à combattre pour les Prussiens. Rimbaud prédit que Bismarck s’y brûlera le nez.

En février 1871, à l’issue du siège de Paris, Rimbaud fait une nouvelle fugue vers la capitale du 25 février au 10 mars. La situation politique du pays est tendue et Rimbaud cherche à entrer en contact avec de futurs communards comme Jules Vallès et Eugène Vermersch, mais aussi avec le milieu des poètes ; il rencontre aussi le caricaturiste André Gill.

Rimbaud revient à Charleville avant le début de la Commune (le 18 mars 1871).
Le collège de Charleville annonce sa réouverture pour le mois d’avril. Bien que brillant élève, Arthur Rimbaud ne retourne pas au collège.
Le 17 avril, il écrit à Paul Demeny qu’il dépouille la correspondance du Progrès des Ardennes. La Commune suscita l’enthousiasme du poète. Son ami Ernest Delahaye se rappelle le 20 mars 1871 où tous les deux ont lancé à la « figure décomposée » des boutiquiers de Charleville : « L’ordre est vaincu ! » Le poème Chant de guerre parisien, que le poète a placé en tête de sa lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871, célèbre « le printemps » qui a vu le peuple prendre le pouvoir ; quant aux Mains de Jeanne-Marie, il les voit « merveilleuses […] / Sur le bronze des mitrailleuses. » Il ressentit ensuite très profondément la tragédie de la répression. Dans L’Orgie parisienne ou Paris se repeuple, envoyé à Verlaine dans une lettre de septembre 1871, il évoque Paris après la Commune dont « les pieds ont dansé si fort dans les colères », Paris qui reçut « tant de coups de couteau ». Le poème dénonce la lâcheté des vainqueurs auxquels Rimbaud s’adresse (« Ô lâches, la voilà [Paris] ! Dégorgez dans les gares ! »).

Pendant la Commune la poésie de Rimbaud se radicalise encore, devient de plus en plus sarcastique : Les Pauvres à l’Église, par exemple. L’écriture se transforme progressivement. Rimbaud en vient à critiquer fortement la poésie des romantiques et des Parnassiens, et dans sa lettre à Georges Izambard du 13 mai 1871 (première lettre dite « du Voyant »), il affirme son rejet de la « poésie subjective ». C’est également dans la deuxième lettre dite « du Voyant », adressée le 15 mai à Paul Demeny, qu’il exprime sa différence en exposant sa propre quête de la poésie : il veut se faire « voyant », par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ».

Le 15 août 1871, Rimbaud envoie à Théodore de Banville son poème parodique, Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs, où il exprime une critique ouverte de la poétique de Banville.
Le 28 août, il écrit à Paul Demeny : il cherche un travail dans la capitale qui lui permette de continuer son activité de poète. Un ami de Rimbaud, Charles Auguste Bretagne (1837-1881), lui conseille d’écrire à Paul Verlaine qu’il avait connu auparavant dans le Pas-de-Calais.

Il est difficile de situer le début de la relation épistolaire avec Paul Verlaine.
Verlaine prétend avoir reçu très peu de courriers de Rimbaud et ne parle que de l’envoi de deux poèmes (Les Premières communions et Les Effarés).
Finalement, rentré à Paris de son exil après la Commune, il appelle Rimbaud : « Venez chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ! » Rimbaud arrive dans la capitale fin septembre 1871.
Il est présenté et très bien accueilli par ses pairs plus âgés, au dîner des « Vilains Bonshommes » le 30 septembre. Il y rencontre une part essentielle des grands poètes de son temps. Il est successivement logé par les beaux-parents de Verlaine, rue Nicolet, non sans heurts avec, Mathilde, la femme de ce dernier, puis chez Charles Cros, André Gill, Ernest Cabaner et même quelques jours chez Théodore de Banville. Le 20 octobre 1871, Rimbaud a tout juste dix-sept ans. Il lit au dîner des Vilains Bonshommes ses chefs-d’œuvre Les Premières communions et Le Bateau ivre.
Début novembre, Rimbaud participe au Cercle des poètes zutiques qui vient d’ouvrir à l’hôtel des Étrangers. Il collabore seul, ou avec Verlaine, à l’Album zutique.
En février ou en mars 1872, Rimbaud est peint par Henri Fantin-Latour aux côtés de Verlaine dans le tableau Un coin de table.
En mars 1872, les provocations de Rimbaud excèdent le milieu parisien depuis quelque temps.

L’incident avec Étienne Carjat au dîner des Vilains Bonshommes du 2 mars 1872 est la goutte qui fait déborder le vase. Rimbaud, complètement saoul, y a blessé le célèbre photographe d’un coup de canne-épée. Pour sauver son couple et rassurer ses amis, Verlaine se condamne à éloigner Rimbaud de Paris.
Rimbaud se fait oublier quelque temps en retournant à Charleville. Verlaine lui écrit en secret et Rimbaud revient dans la capitale en mai 1872, puis de nouveau quitte Paris le 7 juillet pour la Belgique, cette fois en compagnie de Verlaine, qui a délaissé sa femme et son enfant. La femme de Verlaine rompt alors avec lui et effectue une demande de séparation de corps et de biens.
Commence pour Rimbaud et son aîné une liaison amoureuse et une vie agitée à partir de juillet 1872 : ils vivent à Londres.
Rimbaud revient occasionnellement en France en décembre 1872 et en avril 1873.

Cette liaison tumultueuse se termine par ce que la chronique littéraire désigne sous le nom de « drame de Bruxelles ». Les deux amants sont donc à Londres et proposent des cours de français pour vivre. Verlaine quitte brusquement Rimbaud le 3 juillet, en affirmant vouloir rejoindre sa femme, décidé à se tirer une balle dans la tête si elle ne l’accepte pas. Il retourne alors à Bruxelles et réside dans un hôtel. Rimbaud le rejoint le 8 juillet. Persuadé que Verlaine n’aura pas le courage de mettre fin à ses jours, Rimbaud annonce qu’il repart seul pour Paris.
Le 10 juillet 1873, Verlaine, ivre, tire sur Rimbaud à deux reprises avec un revolver, le blessant légèrement au poignet. Rimbaud se fait soigner et, craignant pour sa vie, demande la protection d’un agent de police de la ville. Verlaine est incarcéré à la prison de Bruxelles puis transféré à Mons. Même si Rimbaud a retiré sa plainte, Verlaine est condamné en août 1873 à deux ans de prison pour blessure avec arme à feu.

Fin juillet 1873, Rimbaud rejoint la ferme familiale de Roche où il s’isole pour écrire Une saison en enfer. Son parcours littéraire s’achève par l’irruption de « la réalité rugueuse à étreindre ». Les volumes d’Une Saison en enfer sont imprimés à Bruxelles à compte d’auteur, en octobre 1873. Ils seront réédités, sans l’autorisation de leur auteur, en septembre 1880 dans La Vogue.

Fin mars 1874, Rimbaud retourne un temps à Londres en compagnie du poète Germain Nouveau, qui participe à la mise au net des manuscrits des Illuminations.
Venant d’avoir vingt ans en octobre 1874, il ne peut se rendre à temps devant le conseil de révision pour le tirage au sort. Le maire de Charleville s’en charge et n’a pas la main heureuse.
De retour à Charleville le 29 décembre, Rimbaud fait valoir un article de la loi sur le recrutement du 27 juillet 1872, qui le fait bénéficier d’une dispense grâce à son frère Frédéric, déjà engagé pour cinq ans. Il est donc dispensé du service militaire, mais pas de la période d’instruction (à laquelle il se dérobera).

Après avoir étudié l’allemand depuis le début de l’année 1875, Rimbaud part pour l’Allemagne le 13 février, pour se rendre à Stuttgart, afin de parfaire son apprentissage de la langue.
Verlaine, libéré depuis le 16 janvier, après dix-huit mois d’incarcération, transformé par des accès mystiques, vient le voir ; il est resté deux jours et demi et s’en est retourné à Paris.
Rimbaud remet à Verlaine les manuscrits des Illuminations, afin qu’il les remette à Germain Nouveau, pour une éventuelle publication.

Fin mars 1875, Rimbaud quitte Stuttgart avec, maintenant, l’envie d’apprendre l’italien. Pour ce faire, il traverse la Suisse en train et, par manque d’argent, franchit le Saint-Gothard à pied.
À Milan, une veuve charitable lui offre opportunément l’hospitalité. Il y reste une trentaine de jours puis reprend la route. Victime d’une insolation sur le chemin de Sienne, il est soigné dans un hôpital de Livourne puis est rapatrié le 15 juin, à bord du vapeur Général Paoli.
Débarqué à Marseille, il est à nouveau hospitalisé quelque temps. Après ces aventures « épastrouillantes » [dixit Ernest Delahaye], il annonce à ce dernier son intention d’aller s’engager dans les carlistes, histoire d’aller apprendre l’espagnol, mais ne la concrétisera pas. Redoutant les remontrances de la Mother, il traîne des pieds en vivant d’expédients dans la cité phocéenne.

Rimbaud fait son retour mi-août 1875 à Charleville où, entre-temps, sa famille a changé de logement.
À l’instar de son ami Delahaye, Rimbaud envisage de passer son baccalauréat ès sciences avec l’objectif de faire Polytechnique, ce qu’il ne peut réaliser, car vingt ans est l’âge limite pour y accéder et, en cet automne 1875, il en a vingt et un.
Nouvelle foucade : il suit des cours de solfège et de piano et obtient le consentement de la mère pour installer l’instrument au logis.
À ce moment, Verlaine, qui reçoit des nouvelles de Rimbaud par l’échange d’une correspondance assidue avec Delahaye, est en demande d’anciens vers d’Arthur. Delahaye lui répond : « Des vers de lui ? Il y a beau temps que sa verve est à plat. Je crois même qu’il ne se souvient plus du tout d’en avoir fait. »

ARTHUR RIMBAUD, LE VOYAGEUR

Après avoir mûri quelques solutions pour découvrir d’autres pays à moindres frais, Rimbaud reprend la route en mars 1876, pour se rendre en Autriche.

Le périple envisagé tourne court : à Vienne en avril, il est dépouillé par un cocher puis arrêté pour vagabondage, il est expulsé du pays et se voit contraint de regagner Charleville.


Aux environs de mai, il repart, cette fois en direction de Bruxelles. S’est-il fait racoler par les services d’une armée étrangère ? Toujours est-il qu’il se présente au bureau de recrutement de l’armée coloniale néerlandaise, pour servir dans les Indes orientales néerlandaises.

Muni d’un billet de train, il aboutit – après un contrôle à la garnison de Rotterdam – dans la caserne d’Harderwijk, le 18 mai 1876, où il signe un engagement pour six ans.
Rimbaud et les autres mercenaires, équipés, formés sont chargés de réprimer une révolte dans l’île de Sumatra.
Le 10 juin, riches de leur prime – 300 florins au départ du bateau et 300 florins à l’arrivée à destination, ils sont transportés à Den Helder, pour embarquer à bord du Prins van Oranje, direction Java.
Après une première escale à Southampton et le contournement de Gibraltar, le voyage connaît quelques désertions lors d’escales ou passages près des côtes : Naples, Port-Saïd, traversée du canal de Suez, Suez, Aden et Padang.
Le 23 juillet, le vapeur accoste à Batavia (aujourd’hui Jakarta). Une semaine après, les engagés reprennent la mer jusqu’à Semarang dans le Centre de Java pour être acheminés en train à la gare de Tuntang, et de là à pied jusqu’à la caserne de Salatiga.

En possession de la seconde partie de sa prime, goûtant peu la discipline militaire, Rimbaud déserte.
Quelques semaines lui sont nécessaires pour se cacher et retourner à Semarang où il se fait enrôler sur le Wandering Chief, un voilier écossais qui appareille le 30 août pour Queenstown, en Irlande.
Au bout d’un mois de mer, le navire essuie une tempête en passant le cap de Bonne-Espérance. La mâture détériorée, il continue néanmoins sa route sur Sainte-Hélène, l’île de l’Ascension, les Açores…
Arrivé à Queenstown le 6 décembre, « Rimbald le marin » (comme le surnommera Germain Nouveau quand il le rencontrera à Paris), poursuit par les étapes suivantes : Cork, Liverpool, Le Havre, Paris et « Charlestown » (ainsi qu’il appelait Charleville).
La belle saison revenue, Arthur Rimbaud quitte à nouveau Charleville en 1877. Son entourage et ses amis peinent à suivre son itinéraire durant cette année. Les seules sources de renseignements, souvent contradictoires, viennent de son ami Ernest Delahaye et de sa sœur Isabelle.

Seule certitude : sa présence à Brême le 14 mai où il a rédigé une lettre en anglais au consul des États-Unis d’Amérique, lettre signée John Arthur Rimbaud, et dans laquelle il demande « à quelles conditions il pourrait conclure un engagement immédiat dans la Marine américaine », en faisant valoir sa connaissance des langues anglaise, allemande, italienne et espagnole. Il ne reçut apparemment pas de réponse favorable, car, selon Delahaye, il se serait rendu à Cologne puis à Hambourg, pour divers projets inaboutis.

En juin, le nom de Rimbaud est cité sur le registre des étrangers à Stockholm.
Le 16 juin, Delahaye écrit à Verlaine : « Du voyageur toqué pas de nouvelles. Sans doute envolé bien loin, bien loin… »
Le 9 août, le même épistolier informe son ami Ernest Millot « qu’il a été signalé dernièrement à Stockholm, puis à Copenhague, et pas de nouvelles depuis ».
Dix-neuf ans plus tard, Delahaye rapportera dans une lettre à Paterne Berrichon, du 21 août 1896, qu’à Hambourg, Arthur s’engagea « dans la troupe du cirque Loisset, comme interprète, il passa ainsi à Copenhague, puis à Stockholm d’où il est rapatrié par consul français ».
Pour sa part, Isabelle Rimbaud, réfutera l’épisode du cirque, mais citera un emploi dans une scierie en Suède dans une lettre du 30 décembre 1896 à Paterne Berrichon, qu’elle épousera ensuite. Isabelle révélera également que son frère « visita les côtes du Danemark, de la Suède et de la Norvège, puis revint par mer jusqu’à Bordeaux, sans passer le moins du monde par Hambourg ».

Après un passage à Charleville, Rimbaud se rend à Marseille en septembre où il embarque pour Alexandrie en Égypte. Pris de douleurs gastriques, peu après le début de la traversée, il est débarqué à Civitavecchia, en Italie. Il retourne à Marseille, puis en direction des Ardennes pour y passer l’hiver. Vers cette période, Vitalie Rimbaud habite à Saint-Laurent, dans une propriété héritée de sa famille (les Cuif).

Si l’on fait abstraction d’hypothétiques témoignages : voyage à Hambourg et périple en Suisse pour Berrichon et « vu dans le Quartier latin, vers Pâques » par un ami d’Ernest Delahaye, les neuf premiers mois de l’année 1878 ne sont pas plus riches de renseignements fiables que ceux de l’année précédente.
En avril, les fermiers de Roche ne désirant pas renouveler leur bail, Vitalie Rimbaud s’installe définitivement dans la ferme pour la diriger. Fin juillet, Ernest Delahaye écrit : « L’homme aux semelles de vent est décidément lavé. Rien de rien ».
Pendant l’été 1878, Arthur revient à Roche et participe aux moissons auprès de son frère Frédéric, de retour de ses cinq années d’armée.

Le 20 octobre 1878, jour de ses vingt-quatre ans, Rimbaud reprend la route ; il passe les Vosges, en particulier le col de Bussang, traversé « dans cinquante centimètres de neige en moyenne et par une tourmente signalée ». Il franchit le Saint-Gothard dans « l’embêtement blanc qu’on croit être le milieu du sentier » et traverse l’Italie jusqu’à Gênes.
Le dimanche 17 novembre, il décrit les péripéties de son périple dans une longue lettre à sa famille. Le même jour, son père meurt à Dijon.

Le 19 novembre, Rimbaud s’embarque de Gênes pour Alexandrie. Arrivé vers le 30 novembre, il se met à chercher du travail. Un ingénieur français lui propose de l’employer sur un chantier situé sur l’île anglaise de Chypre.
Pour conclure l’affaire, il demande un indispensable certificat de travail à sa mère (lettre écrite d’Alexandrie, en décembre 1878).

Le 16 décembre, Rimbaud est chef de chantier à 30 kilomètres à l’est du port de Larnaca à Chypre, dans l’entreprise Ernest Jean & Thial fils. Chargé de diriger l’exploitation d’une carrière de pierres, il tient les comptes et s’occupe de la paie des ouvriers.

En 1879, atteint de fièvres (peut-être dues au paludisme), il quitte Chypre muni d’une attestation de travail, datée du 28 mai. En convalescence à Roche, il se rétablit suffisamment pour apporter son aide aux moissons d’été.

Après une ultime visite de son ami Delahaye en septembre, Arthur n’attend pas la saison froide et part avec l’intention de retourner à Alexandrie. Repris par un accès de fortes fièvres à Marseille, il se résout à passer l’hiver dans sa famille.

Sa santé recouvrée en mars 1880, voilà de nouveau Rimbaud à Alexandrie. Ne trouvant pas d’emploi, il débarque à Chypre. Ses anciens employeurs ont fait faillite ; il réussit à décrocher un travail de surveillant dans un chantier de construction. Il s’agit de la future résidence d’été du gouverneur anglais, que l’on bâtit au sommet des monts Troodos.

À la fin du mois de juin, Arthur Rimbaud quitte l’île « après des disputes […] avec le payeur général et [son] ingénieur ». Rendu dans le port d’Alexandrie, il n’envisage plus de retour en France.

Après avoir navigué le long du canal de Suez jusqu’en mer Rouge, il cherche du travail dans différents ports : Djeddah, Souakim, Massaouah …
À Hodeidah, au Yémen, où il tombe à nouveau malade, il rencontre Trébuchet, un représentant d’une agence marseillaise importatrice de café. Constatant qu’il connaît suffisamment la langue arabe, ce dernier lui conseille de se rendre à Aden et le recommande à P. Dubar, un agent de la maison Mazeran, Viannay, Bardey et Cie.
L’exportation de café connaissait un commerce florissant grâce à quoi le port de transit de Moka avait connu son heure de gloire avant qu’il fût supplanté par Hodeidah.

Une fois débarqué à Steamer Point, le port franc anglais d’Aden, Arthur Rimbaud entre en contact avec Dubar, adjoint d’Alfred Bardey (parti explorer le continent africain pour implanter une succursale).
Après quelques jours d’essai, il est embauché le 15 août 1880 comme surveillant du tri de café.
« Aden est un roc affreux, sans un seul brin d’herbe ni une goutte d’eau bonne : on boit de l’eau distillée. La chaleur y est excessive. »
Ayant le sentiment de se faire exploiter, Rimbaud compte partir à Zanzibar ou sur les côtes d’Abyssinie après avoir gagné suffisamment d’argent.
Revenu en octobre, Alfred Bardey lui propose de seconder Pinchard, l’agent du comptoir qu’il vient d’établir au Harar, une région d’Éthiopie colonisée par les Égyptiens. Un contrat de trois ans (1880-1883) est signé le 10 novembre. Accompagné du Grec Constantin Rhigas, un employé de Bardey, il effectue la traversée du golfe d’Aden les jours suivants.

En terres africaines, Rimbaud et son acolyte forment une caravane pour transporter des marchandises pour le Harar. Ils doivent parcourir trois cent cinquante kilomètres : traverser le territoire des Issas — réputés belliqueux — puis entrer dans celui des Gallas où les attaques ne seront plus à craindre. Les portes de la cité fortifiée de Harar sont franchies en décembre « après vingt jours de cheval à travers le désert somali », ils sont accueillis dans l’agence Bardey par l’agent Pinchard et un autre employé grec, Constantin Sotiro. La tenue des comptes et la paie des démarcheurs lui sont imparties.
Le 15 février 1881 il relate aux siens en quoi consiste le commerce : « [des] peaux […], du café, de l’ivoire, de l’or, des parfums, encens, musc, etc. », leur fait part de ses déceptions : « je n’ai pas trouvé ce que je présumais […] Je compte trouver mieux un peu plus loin ». Se plaint aussi d’une maladie qu’il aurait « pincée ».

En mars 1881, Pinchard, atteint de paludisme, s’en va. Rimbaud assure l’intérim du comptoir jusqu’à l’arrivée d’Alfred Bardey. Bardey arrive avec l’idée d’ouvrir un magasin de produits manufacturés. Ainsi, les indigènes venant vendre leur récolte de café dépensent leur argent en achetant toutes sortes d’ustensiles. Parmi la poignée d’occidentaux sur place, il eut son rôle à jouer dans l’utilisation innovante d’une certaine vaisselle en Éthiopie (pour boire l’hydromel local, ou l’eau-de-vie plus tardivement), d’abord parmi l’élite (à la table de Menelik II, Joseph Vitalien, etc.) ; des usages qui préfigurent l’ouverture des premiers débits de boisson (« bistrots ») plus démocratiques …

Arthur Rimbaud ayant toujours des velléités de fuite (Zanzibar, Panama), son patron l’envoie faire des expéditions commerciales à partir du mois de mai. Ces campagnes, dans des régions jamais explorées par les Européens, pour des trocs de cotonnades et bibelots contre peaux ou autres s’avèrent risquées et peu rentables. Revenu épuisé à chaque fois, Rimbaud est à nouveau frappé de fièvre tout l’été.

Le 22 septembre 1881, déçu de n’avoir pas été promu directeur de l’agence, il annonce à sa famille qu’il a « donné [sa] démission, il y a une vingtaine de jours ». Cependant, son contrat s’achève dans deux ans…
À la suite des missives qu’il reçoit de Roche, concernant sa période militaire qui n’est pas réglée et, pour pallier d’éventuelles difficultés qu’il rencontrerait pour se rendre dans d’autres pays, il fait valoir sa situation auprès du consul de France à Aden.

De son côté, Alfred Bardey part pour le siège lyonnais de la société aux environs du début octobre. Le frère de celui-ci devant venir le remplacer, Rimbaud gère à nouveau le comptoir en l’attendant. Pierre Bardey arrivé, Rimbaud quitte Harar en décembre 1881 et retourne à Aden.

Après le retour d’Arthur Rimbaud à la factorerie de café d’Aden, c’est au tour d’Alfred Bardey de revenir en février 1882 à la suite du départ de P. Dubar pour la France (Lyon).
Rimbaud en vient donc à seconder son patron durant toute l’année.
En septembre, il commande tout le matériel nécessaire pour faire des photographies, car il compte partir pour le Choa, en Abyssinie afin de réaliser un ouvrage sur cette contrée inconnue avec cartes, gravures et photographies et le soumettre à la Société de géographie de Paris dont Alfred Bardey est membre. Ce projet d’expédition photographique ne verra pas le jour, car, le 3 novembre 1882, il annonce à sa famille qu’il revient au Harar, à défaut de Choa. Ce retour au Harar est prévu pour janvier 1883.
Le début de l’année 1883 est marqué par une rixe entre Rimbaud et un magasinier indigène qui lui manque de respect. Ce dernier porte alors plainte pour coups et blessures. Rimbaud évite la condamnation grâce à l’intervention du vice-consul, auquel il écrit aussitôt (le 28 janvier 1883) pour résumer les faits et solliciter sa protection. De plus, son patron se porte garant de son comportement à venir. Son contrat – finissant en novembre 1883 – est renouvelé jusqu’à fin décembre 1885 et son prochain départ pour Zeilah est fixé pour le 22 mars 1883.

Arrivé à Harar en avril 1883, Rimbaud remplace Pierre Bardey, destiné à succéder à son frère à Aden.

Dans une lettre écrite le 6 mai 1883 à sa famille, il formule quelques réflexions sur sa vie actuelle, son avenir. Il songe à se marier, à avoir un fils. Il joint aussi ses premiers travaux photographiques : trois portraits en pied de lui-même.
Rimbaud rédige un texte descriptif de l’Ogadine en août1883 intitulé Rapport sur l’Ogadine, par M. Arthur Rimbaud, agent de MM. Mazeran, Viannay et Bardey, à Harar (Afrique orientale) que Bardey expédie à la Société de géographie de Paris.
Ce mémoire, dans lequel les mérites de Constantin Sotiro (le second Rimbaud qu’il a envoyé explorer l’Ogadine) sont quelque peu occultés, est publié par la Société de géographie en février 1884 et est apprécié par les géographes français et étrangers.
En tout, on possède actuellement de cette période huit photographies authentiquement prises par Rimbaud : sept sont conservées à la bibliothèque de Charleville-Mézières, une autre à la BnF (depuis 1969).

À Paris, pendant ce temps, Verlaine publie une étude accompagnée de poèmes sur le poète Rimbaud, dans la revue Lutèce du 5 octobre au 17 novembre 1883.
Cette étude paraît l’année suivante dans l’ouvrage Les Poètes maudits.

Au Harar, plusieurs caravanes de marchandises sont organisées jusqu’au moment où les répercussions de la guerre des mahdistes, contre les occupants égyptiens et les Anglais obligent la société à abandonner le comptoir de Harar.
L’évacuation de la cité est organisée par le gouverneur d’Aden, le major Frederick Mercer Hunter, arrivé en mars, à la tête d’une colonne d’une quinzaine de soldats. L’officier britannique, insatisfait de l’hébergement offert par le pacha d’Égypte, provoque un scandale en préférant loger dans la maison de Rimbaud.
Le retour pour Aden se fait en compagnie de Djami Wadaï, son jeune domestique abyssin, et de Constantin Sotiro.

La société Mazeran, Viannay, Bardey et Cie tombée en faillite, Rimbaud est licencié et se retrouve sans travail. Cependant, « selon les termes de [son] contrat, [il a] reçu une indemnité de trois mois d’appointements, jusqu’à fin juillet. » et espère la réussite de Bardey, parti en France « pour rechercher de nouveaux fonds pour continuer les affaires » nous apprend sa lettre aux siens du 5 mai 1884. Pendant cette période de désœuvrement, il vit avec une Abyssine chrétienne, prénommée Mariam.

Le 1er juillet 1884, il est engagé jusqu’au 31 décembre 1884 dans la nouvelle société créée par les frères Bardey, « aux mêmes conditions ».
Les mois passent et les affaires ne sont pas brillantes – ruinées par la politique menée par les Britanniques. Arthur Rimbaud va avoir vingt-neuf ans et sent qu’il se fait « très vieux, très vite, dans ces métiers idiots ». Aussi cherche-t-il une occasion pour changer d’emploi.

Faute de mieux, le 10 janvier 1885, il se rengage pour un an avec la maison Bardey. Malgré la poursuite de l’offensive anglo-égyptienne au Soudan, Rimbaud continue donc à s’occuper des achats et des expéditions du moka. Sans aucun jour de congé, il supporte à nouveau la chaleur étouffante de l’endroit et souffre de fièvre gastrique.

En septembre 1885, Arthur Rimbaud se voit proposer un marché par le Français Pierre Labatut, un trafiquant établi au Choa, royaume abyssin de Menelik, futur Roi des Rois (Negusse Negest) d’Éthiopie. Voyant là l’opportunité de faire une bonne affaire, et de changer le cours de sa vie tout en ayant un rôle géopolitique à jouer, Rimbaud s’associe avec Labatut pour acheter des armes (passablement obsolètes) et des munitions en Europe.
Ainsi ils comptent réaliser de substantiels bénéfices en satisfaisant une commande du négus, qu’ils auront de cette façon contribué à établir comme unificateur de la région, et comme opposant aux harcèlements de l’armée italienne.
L’intégrité du pays sera établie lors de la décisive bataille d’Adoua deux décennies plus tard. Après avoir conclu cet accord, qui sera payé ensuite par le père du futur Haïlé Sélassié, Arthur rompt brutalement le contrat qui le lie avec la maison Bardey.

Fin novembre 1885, Rimbaud débarque dans le petit port de Tadjourah, en terre dankalie, pour monter une caravane en attendant que les armes soient réceptionnées à Aden par Labatut.
Lorsque ce dernier arrive fin janvier 1886 avec le chargement (deux mille quarante fusils et soixante mille cartouches), l’organisation de la caravane rencontre des difficultés.
D’abord entravés par les exigences financières du sultan qui tire profit de tous convois en partance, les voilà empêchés d’entamer leur expédition à la mi-avril : l’interdiction d’importer des armes vient d’être signée entre Anglais et Français. Les deux associés écrivent alors au ministre des Affaires étrangères le 15 avril pour se sortir de cette impasse. Ils obtiennent gain de cause, mais tout est remis en question quand Labatut, atteint d’un cancer, est obligé de rentrer en France (il mourra en octobre suivant).

Avec l’aval officiel du Consul de France, et muni d’une procuration de Pierre Labatut, Rimbaud se tourne vers Paul Soleillet, célèbre commerçant et explorateur, qui lui aussi attend une autorisation pour faire partir sa caravane. En associant leurs convois, ils s’assurent d’une meilleure sécurité pour la traversée du territoire des redoutables guerriers Danakils. Hélas, ils ne partiront pas ensemble : frappé d’une embolie, Soleillet meurt le 9 septembre.
Sur ces entrefaites, en France, Illuminations et Une saison en enfer sont parus dans les numéros de mai à juin et de septembre 1886 de la revue symboliste La Vogue.

Se retrouvant seul, Rimbaud part en octobre 1886, à la tête de sa caravane composée d’une cinquantaine de chameaux et d’une trentaine d’hommes armés.
La route pour le Choa est très longue : deux mois de marche jusqu’à Ankober. Après avoir traversé les terres arides des tribus danakils sous une chaleur implacable, le convoi franchit la frontière du Choa sans avoir été attaqué par les pillards. Et c’est dans un environnement verdoyant que la caravane atteint Ankober le 6 février 1887. Rimbaud y trouve l’explorateur Jules Borelli.

Borelli le décrit ainsi :

« M. Rimbaud, négociant français, arrive de Toudjourrah, avec sa caravane. Les ennuis ne lui ont pas été épargnés en route. Toujours le même programme : mauvaise conduite, cupidité et trahison des hommes ; tracasseries et guet-apens des Adal ; privation d’eau ; exploitation par les chameliers…
Notre compatriote a habité le Harrar. Il sait l’arabe et parle l’amharigna et l’oromo. Il est infatigable. Son aptitude pour les langues, une grande force de volonté et une patience à toute épreuve, le classent parmi les voyageurs accomplis »

Jules Borelli

Ménélik (Negusse Negest) est absent, étant parti combattre l’émir Abdullaï pour s’emparer d’Harar.
Rimbaud aussitôt arrivé, les chameliers, un créancier de Labatut et la veuve abyssinienne de ce dernier viennent lui réclamer avec insistance ce qui leur est soi-disant dû. Agacé par leur rapacité, il refuse de céder à leurs demandes. Ils s’en plaignent auprès de l’intendant du roi qui abonde en leur sens et le condamne à verser les sommes demandées.
Au lieu d’Ankober, Ménélik va revenir en vainqueur à Entoto. Rimbaud se rend là-bas avec Borelli. Sur place, en attendant l’arrivée du roi, Rimbaud entre en contact avec son conseiller, un ingénieur suisse nommé Alfred Ilg avec qui il entretient de bons rapports.
Suivi de sa colonne armée, Ménélik arrive triomphalement le 5 mars 1887. Il n’a plus vraiment besoin d’armes ni de munitions, car il en ramène en grande quantité. Il accepte néanmoins de négocier le stock à un prix très inférieur à celui escompté. De surcroît, il ne se prive pas d’exploiter la disparition de Labatut à qui il avait passé commande, pour retrancher du prix la somme de quelques dettes supposées. Suivant cet exemple, « toute une horde de créanciers » (réels ou opportunistes) de Labatut, viennent le harceler pour être remboursés à leur tour. Menelik n’ayant pas d’argent pour le payer, Rimbaud est contraint d’accepter un bon de paiement devant lui être réglé à Harar par Makonnen, cousin du roi.

Pour qu’il aille au plus court pour toucher son argent, Menelik lui donne l’autorisation de prendre la route qu’il a ouverte à travers le pays des Itous. Cette route étant inexplorée, Borelli demande au roi la permission de l’emprunter.
Rimbaud quitte donc Entoto le 1er mai 1887, en compagnie de Borelli.
L’itinéraire traverse des régions inexplorées : ils furent ainsi les premiers hommes à explorer l’Ogaden dans l’Éthiopie.
Leurs observations et descriptions sont scrupuleusement relevées et consignées à chaque étape.
Jules Borelli les retranscrit dans son journal de voyage.
Rimbaud, pour sa part, transmet ses notes à Alfred Bardey qui les communiquera à la Société de géographie.
Au bout de trois semaines, la caravane arrive à Harar.
Borelli retourne à Entoto quinze jours après.
Rimbaud quant à lui, doit attendre pour se faire payer, mais Makonnen n’a pas d’argent et transforme son bon de paiement en deux traites payables à Massaouah.
Après avoir repris la route en direction de Zeilah, Rimbaud regagne Aden le 25 juillet 1887. Le 30 juillet, il fait un compte-rendu détaillé de la liquidation de sa caravane au vice-consul de France, Émile de Gaspary. Résultat de « cette misérable affaire » : une perte de 60 % sur son capital, « sans compter vingt et un mois de fatigues atroces ».

Avec l’intention de prendre un peu de repos en Égypte, Rimbaud embarque avec son domestique au début du mois d’août 1887 pour encaisser ses traites à Massaouah. Arrêté à son arrivée le 5 août 1887 pour défaut de passeport, l’intervention de Gaspary est nécessaire pour lui permettre de poursuivre sa route.
Il est alors nanti d’un passeport, de l’argent de ses traites et d’une recommandation du consul de France de Massaouah à l’attention d’un avocat du Caire.
Il débarque à Suez pour se rendre en train jusqu’à la capitale, où il arrive le 20 août 1887. Dans une lettre aux siens du 23 août, il se plaint de rhumatismes dans l’épaule droite, les reins, la cuisse et le genou gauche.

Rimbaud entre en relation avec Borelli Bey (Octave Borelli), frère aîné de Jules Borelli et directeur du journal, Le Bosphore égyptien. Il lui adresse les notes de son expédition du Choa et elles sont publiées les 25 et 27 août 1887 dans Le Bosphore égyptien.

Après avoir placé sa fortune dans une succursale du Crédit lyonnais, Rimbaud ne sait où aller pour travailler à nouveau ; il pense à Zanzibar et à Madagascar.
Il sollicite finalement, sans succès, une mission en Afrique à la Société de géographie à Paris. Il retourne à Aden début d’octobre 1887. Dans cette ville, les déconvenues de sa livraison d’armes le poursuivent. Il doit encore justifier le paiement d’une dette de Pierre Labatut à un certain A. Deschamps (l’affaire sera soldée le 19 février 1891, après d’interminables échanges de courriers). Il souffre toujours de douleurs au genou gauche.

En décembre 1887, malgré divers contacts entrepris, Rimbaud est toujours sans travail. Il revoit Alfred Ilg, de passage à Aden avant de se rendre à Zurich (à la suite de quoi ils correspondront fréquemment). Par ailleurs, le stock d’armes de Paul Soleillet, resté à Tadjourah après sa mort, a été racheté par Armand Savouré. Malgré l’embargo sur ce commerce, celui-ci compte les livrer au roi Menelik.
Pour former sa caravane, il propose à Rimbaud de tenter de se procurer des chameaux auprès de Makonnen à Harar. Pour cela, Arthur retourne sur les terres africaines mi février 1888, mais, n’ayant pu convaincre Makonnen, il en revient bredouille un mois plus tard, le 14 mars 1888.

Dans le milieu littéraire parisien, le silence et la disparition inexpliqués du poète Jean-Arthur Rimbaud entourent son nom de mystère et les interrogations qu’il suscite donnent libre cours à toutes sortes de fables – en 1887 on l’a dit mort, ce qui inspira Paul Verlaine pour écrire Laeti et errabundi. En janvier 1888, le même publie à nouveau une étude biographique dans un numéro de la revue Les Hommes d’aujourd’hui, consacré au poète disparu.

La route d’Entoto à Harar étant maintenant ouverte, la cité harari devient une étape obligée pour commercer avec le royaume du Choa. Rimbaud est déterminé à s’y installer pour se consacrer à un commerce plus orthodoxe (café, gomme, peaux de bêtes, musc (de Civette), cotonnade, ivoire, or, ustensiles manufacturés et fournisseur de chameaux pour caravanes).
Il contacte César Tian, un important exportateur de café d’Aden, pour le représenter à Harar, offre sa collaboration à Alfred Bardey à Aden, à Alfred Ilg au Choa et à Constantin Sotiro, son ancien assistant, qui s’est établi à Zeilah.
Ces accords conclus, il part édifier son comptoir : départ le 13 avril 1888 pour Zeliah, arrivée à Harar le 3 mai 1888, où il ouvre un commerce à son nom.

Les années 1888, 1889 et 1890 sont consacrées à l’exploitation de sa factorerie à Harar.
Après la satisfaction des débuts, l’humeur devient maussade. Rimbaud s’ennuie. Il l’écrit à sa famille dans une lettre datée du 4 août 1888 : « Je m’ennuie beaucoup, toujours ; […] n’est-ce pas misérable, cette existence sans famille, sans occupation intellectuelle […] ? »
Le 25 septembre 1888, il offre l’hospitalité à l’explorateur Jules Borelli qui, venant du Choa, fait une halte d’une semaine avant de regagner le port de Zeilah. Rimbaud lui obtient des chameaux.
Quelques semaines après, c’est au tour d’Armand Savouré qui a enfin réussi à livrer son stock d’armes au négus.
Dans leurs témoignages, tous deux décriront Rimbaud comme un être intelligent, sarcastique, peu causant, ne livrant rien sur sa vie antérieure, vivant très simplement, s’occupant de ses affaires avec précision, honnêteté et fermeté.
De retour de Zurich, Alfred Ilg est hébergé du 23 décembre 1888 au 5 février 1889, le temps d’attendre la fin des affrontements entre Issas et Gallas pour transporter en toute sécurité ses marchandises et celles de son hôte jusqu’à Entoto. Les affaires avec le conseiller du roi marcheront en bonne entente jusqu’au bout.
Une autre visite est celle d’Édouard Joseph Bidault de Glatigné (1850-1925), photographe-reporter dans la région, qui séjourne fin 1888, début 1889 dans la maison de Rimbaud située juste à côté de la Factorerie : il écrit sur ce séjour à la Société de géographie de Paris, y joignant un cliché.

Makonnen quitte la ville en novembre 1888 pour rejoindre son cousin le roi qui se prépare à entrer en guerre contre l’empereur Johannès IV. Cette guerre n’aura pas lieu. L’empereur Jean (Johannès IV) est assassiné en mars 1889.
Le 3 novembre 1889, Menelik devient Negusä nägäst (Roi des Rois) d’Éthiopie sous le nom de Menelik II.

À la veille de Noël 1889, une caravane est attaquée par une tribu sur la route de Zeilah à Harar. Deux missionnaires et une grande partie des chameliers sont assassinés. À la suite des représailles qui se soldent par des pertes importantes dans les rangs anglais, les routes commerciales sont coupées jusqu’à la mi-mars 1890. Le manque à gagner que cela occasionne est sujet de conflit avec César Tian.

Selon l’explorateur Ugo Ferrandi qui le voyait régulièrement, ses propos ayant été repris par Alain Borer dans son ouvrage Rimbaud en Abyssinie, le poète possédait un Coran annoté par son père, et un second acheté chez Hachette en 1883. Afin de se fondre dans la population et être mieux perçu, il adoptait les us et coutumes du pays et n’hésitait pas à revêtir le costume d’un marchand arabe. Mais Borer nie que Rimbaud se soit jamais converti à l’islam. Le Dictionnaire Rimbaud, de même, ajoute en se fondant sur les propos de Ferrandi que Rimbaud donnait des conférences sur le Coran, qu’il était un « arabisant érudit », mais n’affirme pas que Rimbaud se serait converti à l’islam.

Par ailleurs, selon Savouré, cité par Alain Borer dans sa biographie, Rimbaud « est parti vers 1886-1887, prêchant le Coran comme moyen de pénétrer dans des régions alors inconnues de l’Afrique ». Cela lui valut d’être battu, une fois, du fait de ses interprétations personnelles.

Sa sœur, Isabelle Rimbaud, rapporte de son côté les délires mystiques d’Arthur sur son lit de mort, qui se serait écrié « Allah Kérim » (« Dieu est généreux ») à maintes reprises. En se fondant sur ses dires, Malcolm de Chazal affirme, contrairement à Alain Borer, que « Rimbaud au Harrar s’était converti à la foi musulmane et pratiquait ». C’est aussi ce qu’affirme, peut-être exagérément, le Cheikh Si Hamza Boubakeur (orthographié à tort « Borbakeur » par Borer), dans la présentation de sa traduction du Coran.

ARTHUR RIMBAUD
RETOURNE EN FRANCE

En 1890, Rimbaud songe à se rendre à Aden pour liquider ses affaires. Ensuite, il se rendrait en France dans l’espoir de se marier.
À Paris, Anatole Baju, rédacteur en chef de la revue Le Décadent, divulgue des renseignements reçus sur Arthur Rimbaud : il est vivant et vit à Aden.

Le 17 juillet 1890, Laurent de Gavoty, directeur de la revue littéraire marseillaise, La France moderne, lui écrit par le biais du consul de France à Aden pour dire qu’il a lu ses « beaux vers » et qu’il serait « heureux et fier de voir le chef de l’école décadente et symboliste » collaborer pour sa publication.
Edmond de Goncourt note dans son journal, à la date du 8 février 1891 : « Darzens nous apprend que Rimbaud est maintenant établi marchand à Aden et que dans les lettres qu’il lui écrivait il parlait de son passé comme d’une énorme fumisterie. »

Dans une lettre écrite le 20 février 1891, Arthur Rimbaud demande à sa mère de lui faire parvenir un bas à varices, car il en souffre à la jambe droite depuis plusieurs semaines. Il lui signale aussi une « douleur rhumatismale » au genou droit. Il en attribue les causes aux « trop grands efforts à cheval, et aussi par des marches fatigantes ». Un médecin, consulté un mois plus tard, lui conseille d’aller se faire soigner en Europe le plus rapidement possible. Bientôt, ne pouvant plus se déplacer, il dirige ses affaires en position allongée. Au vu de l’aggravation rapide du mal de son genou et de l’état de raideur de sa jambe, il liquide à la hâte toutes ses marchandises pour quitter le pays. Transporté par des porteurs sur une civière construite selon ses plans, la caravane prend le départ au matin du 7 avril 1891.
Djami, son domestique, est du voyage. Malgré les souffrances, accentuées par l’inconfort, les intempéries et la longueur du déplacement, il note les faits marquants de chaque étape jusqu’à son arrivée au port de Zeïlah, le 18 avril.
Débarqué à Steamer Point trois jours après, Rimbaud est hébergé chez César Tian le temps de régler leurs comptes. Hospitalisé aussitôt après, les médecins lui diagnostiquent une synovite rendue à un point si inquiétant qu’une amputation semble inévitable. Cependant, quelques jours de repos lui sont accordés pour en mesurer les éventuels bienfaits. Devant le peu d’amélioration, il lui est conseillé de rentrer en France.
Le 9 mai, on l’embarque sur l’Amazone, un trois-mâts goélette à vapeur des Messageries maritimes, à destination de Marseille.

Arthur Rimbaud est débarqué à Marseille le 20 mai 1891.


« Me trouvant par trop faible à l’arrivée ici, et saisi par le froid, j’ai dû entrer ici à l’hôpital de la Conception […].
Je suis très mal, très mal, je suis réduit à l’état de squelette par cette maladie de ma jambe droite, qui est devenue à présent énorme… » Les médecins diagnostiquent un néoplasme de la cuisse.
Le 22, on lui annonce qu’il va falloir l’amputer.
Il envoie immédiatement un télégramme à sa famille pour que l’une ou l’autre vienne à Marseille régler ses affaires. Sa mère lui répond aussitôt en lui annonçant son arrivée pour le lendemain, 23 mai au soir.

Après l’opération, Rimbaud reçoit des lettres de sympathie de Constantin Sotiro et César Tian.
Le 8 juin, madame Rimbaud écrit à sa fille pour lui annoncer son nécessaire retour à la ferme de Roche malgré les supplications de son fils pour qu’elle restât auprès de lui. La cicatrisation faite, il ne subsiste qu’une douleur localisée.
Le 24 juin, il s’exerce à se déplacer avec des béquilles.
Le 2 juillet il écrit qu’il a commandé une jambe de bois.
D’autre part, maintenant qu’il se trouve en France, il s’inquiète inconsidérément sur sa période d’instruction militaire à laquelle il a réussi à se soustraire jusqu’à présent. Craignant de se faire piéger en retournant auprès des siens, il les charge de faire le nécessaire pour éclaircir sa situation.
Le 8 juillet, sa sœur l’informe qu’il peut obtenir son congé définitif comme réformé en se présentant devant les autorités militaires de Marseille ou de Mézières.

Le 23 juillet, suivant le conseil de son médecin, il quitte l’hôpital. Arrivé en gare de Voncq le lendemain, il se fait conduire à la ferme de Roche. Ni ses anciens amis ni son frère ne sont avertis de son retour. Au lieu de s’améliorer, son état empire. Mais, ne renonçant pas à retourner au Harar, il prend la résolution de retourner se faire soigner à Marseille, ainsi il serait « à portée de se faire embarquer pour Aden, au premier mieux senti ».
Le 23 août, il reprend le train pour Marseille accompagné d’Isabelle. Après le calvaire subi tout au long du voyage, il est admis à l’hospice de la Conception le lendemain soir.

Isabelle, qui loge en ville, se rend tous les jours à son chevet. Un mois plus tard, elle rapporte à sa mère les réponses faites à ses questions par les médecins : « Sa vie est une question de jours, de quelques mois peut-être ».
Le 20 octobre, il a trente-sept ans. Selon la lettre exaltée qu’Isabelle écrit huit jours après à sa mère, son frère aurait manifesté une ferveur mystique exacerbée durant cette épreuve.
Elle lui décrit aussi la progression du cancer : son bras droit enflé, le gauche à moitié paralysé, son corps en proie à de vives douleurs, sa maigreur. Elle raconte ses délires, lors desquels il l’appelle parfois Djami.

Le 9 novembre, il lui dicte un message sibyllin, débutant par un inventaire obscur évoquant des « lots » de « dents » (dont on peut supposer qu’il s’agit en fait de défenses en ivoire) : « M. le Directeur, […] envoyez-moi donc le prix des services d’Aphinar à Suez. Je suis complètement paralysé donc je désire me trouver de bonne heure à bord dites-moi à quelle heure, je dois être transporté à bord. »

Il meurt le lendemain, mardi 10 novembre – à dix heures du matin selon l’état civil, à deux heures de l’après-midi selon sa sœur, d’une « carcinose généralisée ».

Son corps est ramené à Charleville. Les obsèques se déroulent dans l’intimité la plus restreinte, le 14 novembre Arthur Rimbaud est inhumé dans le caveau familial auprès de son grand-père, Jean Nicolas Cuif, et de sa sœur Vitalie.

Sa mère, morte à Roche le 1er août 1907, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, les rejoindra.

SOURCE

Le texte et les images de cet article sont extraits de l’encyclopédie numérique Wikipédia.

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